Dans les bras d’Orion

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« Marcus Copper est botaniste sur une cité errante, perdue au cœur de l’espace. Hippolyte, un dandy qui continue à vivre comme il l’a toujours fait au sein de la station déchue, vient le voir dans sa serre. Alarmé par une mélodie étrange qu’Hippolyte ne semble pas entendre, Marcus l’entraîne chez lui. »

Format : Nouvelle (eBook)
Style :
Steampunk
Éditeur :  Éditions Voy’El
Parution : 15 décembre 2014

« Dans les bras d’Orion » fut une nouvelle partagée avec vous pendant six mois, par épisodes, lors de l’émission de radio de l’association Event Yaoi : La Voix Lactée. Désormais, les épisodes sont devenus une seule et même nouvelle, parue aux Éditions Voy’El, dans l’anthologie « A voile et à vapeur ».

Lire le 1er épisode

Vous pouvez retrouver ci-dessous l’ancien premier épisode. Bonne lecture !

Episode 1~

D’une main légère, il flatta la longueur de la tige, puis pris les pétales en coupe entre ses doigts, coinçant la fleur au creux de sa paume. Il l’admira un instant avant d’y porter son nez pour inspirer son parfum avec délectation. Marcus Copper aimait toutes les plantes qui envahissaient le jardin d’hiver et il traitait chacune d’elle comme si elle était unique. Grâce à ce secret, il avait réussi à maintenir le magnifique écosystème qui envahissait désormais l’est de la ville. Le jeune botaniste demeura accroupi un moment, immobile au cœur de son petit monde. Le geste l’emplissait d’une sensation de quiétude et d’euphorie mêlées. Il se sentait à sa place, comme si ses émotions s’apaisaient enfin.

L’air était chargé du parfum des fleurs exotiques recueillies à l’abri du bâtiment. Les couleurs se mélangeaient pour créer un tableau sans cesse renouvelé. Le silence n’était brisé que par les craquements légers de la cité qui voguait au gré des courants astraux. Marcus se releva à regret et rejoignit l’une des larges baies vitrées de la serre pour y coller son front. Son contact était gelé, le verre lui donnait l’impression de mordiller sa peau tiède. Pourtant le spectacle qui s’offrait à lui était si grandiose qu’il voulait l’observer au plus près.
À perte de vue s’étirait le néant, saupoudré simplement d’étincelles vives et chatoyantes. Les étoiles se rappelaient à lui en constellant le noir de l’univers. Depuis combien de temps l’ancienne acropole dérivait-elle au cœur de l’espace ? Il n’arrivait pas à se souvenir quand tout cela avait commencé et ce fait étrange ne semblait pas perturber non plus ses habitants, qui continuaient à vaquer à leurs occupations.

Marcus frotta ses mains d’un air distrait, en chassant la poussière des parterres de fleurs. Il rajusta son col et vérifia au passage que sa lavallière ne s’était pas dénouée. Si on tolérait l’excentricité d’une ville volante, il n’en allait pas de même pour les tenues débraillées.

Tandis qu’il se lavait les mains consciencieusement, un souffle effleura sa nuque. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à ce phénomène, il s’immobilisa. Il aurait juré ressentir la chaleur d’une bouche contre sa peau. L’impression le troublait toujours autant. Ici, une main frôlait son flanc avec douceur. Là, un corps venait se presser au sien. Marcus fit volte-face, prêt à se retrouver confronté à un intrus. Décontenancé face à la pièce déserte qui s’offrait à lui, il ordonna au silence d’un ton calme :

— Montrez-vous, je sais que vous êtes là !

Il savait qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur. Personne ne pouvait lui faire de mal dans cette cité perdue, il en était certain. Au bout de quelques secondes, un mouvement attira son regard et il s’avança de quelques pas. L’auteur du méfait se trouvait juste derrière un bosquet de bougainvilliers. Leur couleur chatoyante rendait l’aspect de l’homme plus diaphane encore. Ses cheveux étaient pâles, son regard presque noir. Il était semblable à tous les autres résidents de la ville.

— Encore vous ? questionna Marcus, un sourire dans la voix.
— Je vous avais promis que je reviendrais, répondit l’homme en portant la main à son couvre-chef.

Hippolyte Kardec était toujours tiré à quatre épingles. Son costume avait été taillé sur-mesure, un frac sombre sur une chemise immaculée. Il portait un lys à la boutonnière, Marcus n’avait pu qu’en être touché. Les deux hommes s’observèrent un instant sans bouger, jusqu’à ce que l’un d’eux daigne faire le premier geste. C’était à chaque fois Hippolyte qui prenait les devants, Marcus se sentait en permanence un peu bloqué par ces codes relationnels qu’il ne maîtrisait pas vraiment. Il connaissait bien mieux ses fleurs que le cœur des hommes.

Quelques pas terminèrent de les rapprocher, Hippolyte déposa ses lèvres contre celles du botaniste. Son baiser était frais et vaporeux, comme toujours. C’était comme embrasser une brise d’automne. Marcus soupira de cette comparaison idiote et rompit leur étreinte.

— Nous ne devrions pas faire cela ici, gronda-t-il en tâchant d’avoir l’air sérieux.
— Vous savez que vous y prenez tout autant de plaisir que moi, souffla Hippolyte avant de s’écarter à son tour.

Sa démarche était élégante, il prenait appui régulièrement sur une canne au pommeau d’argent et se déplaçait pourtant sans un bruit. Marcus lui emboîta le pas, jugeant bon de rajuster à nouveau son col. Il était persuadé que chaque passant saurait lire sur son visage la cajolerie à laquelle il s’était laissé aller.

Les rues étaient désertes à cette heure tardive. En levant les yeux, il put retrouver le clair-obscur étrange qui l’avait marqué un peu plus tôt. Il ne se lassait pas des nuits que lui offrait l’univers, même si elles étaient toujours semblables. Il pointa finalement le ciel et commenta d’une voix grave :

— Je crois que je ne me fatiguerai jamais d’un tel spectacle.
— Heureusement, n’est-ce pas ? Puisque c’est le seul qui s’offre à nous désormais, plaisanta Hippolyte d’une voix un peu cassante.

Marcus n’appréciait pas l’humour noir de son compagnon. Il préférait largement s’accommoder de son sort, plutôt que remettre en cause ce mauvais tour que leur avait joué le destin. Alors qu’il allait lui répondre, une mélodie angoissante se fit entendre. Désaccordée, elle lui torturait l’oreille et lui égratignait le cœur. Mais ce qui l’effrayait le plus, c’était qu’Hippolyte ne semblait pas l’entendre.

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